- Les origines
- Bruat choisit Papeete
- La première commune polynésienne
- Entre-deux guerres, une ville cosmopolite
- L’ère du CEP
- Priorité communale
- Équiper les quartiers et aménager le front de mer
- Les maires de Papeete
Les origines
Papeete a pris le nom d’une source jaillissant sur une ancienne propriété de la famille royale Pomare, au nord de l’île de Tahiti. Cette source existe encore, c’est le Bassin-de-la-Reine que l’on peut admirer dans les jardins de l’assemblée de la Polynésie française.
L’histoire de Papeete se confond largement avec celle de Tahiti. Quand les Européens la découvrirent en 1767, l’île était divisée en plusieurs chefferies. Le territoire de Papeete faisait alors partie de celle de Teporionuu s’étendant d’Arue à l’est, jusqu’aux limites de Faa’a à l’ouest.
Les historiens s’accordent à considérer le pasteur anglais William Crook comme le fondateur de Papeete. Il s’y installa en 1818 avec sa nombreuse famille, construisant un temple, une école et un hospice.
Bruat choisit Papeete
Les qualités de la rade de Papeete furent longtemps ignorées des navigateurs qui lui préféraient la baie de Matavai, située plus à l’est. Mais, dès qu’elles furent reconnues, Papeete devint rapidement le centre de la vie économique, politique et religieuse de Tahiti et ses dépendances. Le commerce s’y développe, mais dans l’insécurité et la violence. Le pays fait alors l’objet d’une rivalité entre la France et l’Angleterre. Papeete est au cœur de cette lutte d’influence qui prend aussi un aspect religieux. Le 29 août 1842, un protectorat français est institué sur le royaume des Pomare.
Le capitaine de vaisseau Armand-Joseph Bruat, premier gouverneur des Établissements français de l’Océanie (EFO), débarque à Tahiti le 4 novembre 1843. Il choisit aussitôt Papeete comme quartier général et la transforme en quelques mois. Constructions militaires et civiles, voies, ponts, donnent un aspect « moderne » à la ville, dont la population augmente rapidement. La situation politique reste toutefois confuse. Certains chefs soutiennent le protectorat, tandis que d’autres, ceux de la presqu’île de Taiarapu, notamment, contestent la présence française. Une période troublée s’ensuit, ponctuée de conflits violents et meurtriers des deux côtés. Bruat fait fortifier Papeete pour protéger ses accès à l’est et à l’ouest, tandis que les rebelles se retranchent dans les collines, menant des actions de guérilla en ville. L’ordre et la paix ne sont rétablis qu’en 1846.
La reine Pomare IV, réfugiée aux Iles Sous-le-Vent depuis 1844, accepta de rentrer à Tahiti en février 1847, établissant sa résidence officielle à Papeete. Elle régna ensuite pendant plus de trente ans, sous la houlette de pas moins de treize gouverneurs, commandants et autres commissaires français se succédant auprès d’elle jusqu’à sa mort, le 17 septembre 1877. Trois ans plus tard, le 29 juin 1880, son fils et héritier, Pomare V, dernier roi de Tahiti, cédait ses États à la France.
La première commune polynésienne
Le 20 mai 1890, la commune de Papeete est officiellement créée sur le modèle des municipalités françaises par décret du président de la Troisième République, Sadi Carnot. Elle restera la seule et unique de la colonie pendant plus d’un demi-siècle, jusqu’à l’organisation de la commune d’Uturoa (Raiatea) en 1945.
Au tournant du vingtième siècle, la vie s’y écoule paisiblement. La ville grandit à la faveur du développement économique et d’un tourisme naissant, nourri par la beauté des sites et le mythe du paradis terrestre. Un recensement de juin 1902 révèle que Papeete compte précisément 3 720 habitants, soit la moitié de la population tahitienne. Pourtant, dans ce ciel serein, le malheur va frapper. Dans la nuit du 7 au 8 février 1906, la ville est inondée et en grande partie ravagée par un puissant cyclone. Reconstruite, elle va bientôt connaître un nouveau drame. Au matin du 22 septembre 1914, deux croiseurs allemands, le Scharnhorst et le Gneisenau, canonnent et incendient le centre-ville.
L’ouverture du canal de Panama la même année fait de Papeete une escale fréquentée par les paquebots de croisière dès la fin de la guerre. On peut désormais rallier l’Europe sans franchir le Cap Horn ni traverser l’Amérique en train.
Entre-deux guerres, une ville cosmopolite
Entre les deux guerres, Papeete se développe rapidement. La voirie est adaptée à une circulation plus dense, les rues ne sont plus de simples allées plantées d’arbres, elles sont éclairées, on en prolonge certaines, on en trace de nouvelles. Ville cosmopolite, elle accueille des représentants de dix-neuf nationalités à la fin des années 1930, les étrangers représentant environ un tiers de la population. Notamment sous l’influence des peintres Paul Gauguin, qui vécut là de 1891 à 1901 (avant de s’éteindre aux Marquises en 1903), et Henri Matisse, qui y séjourna au début des années 1930, Tahiti est devenue une destination prisée des artistes et des intellectuels.
À l’aube sinistre de la Seconde Guerre mondiale, Papeete est une ville prospère, pluriethnique, où se concentrent les institutions et les services nécessaires au fonctionnement de la colonie. Cité administrative, elle a aussi une vocation de capitale économique, avec son port et son centre commerçant où se côtoient le marché, les boutiques et les maisons de négoce.
Pendant les années 1950, Papeete conserve son aspect de bourgade tropicale paisible et ensoleillée. Personne ne mesure réellement la portée du discours prononcé par le général de Gaulle sur la place Tarahoi lors de sa visite en août 1956, annonçant l’avenir atomique de la Polynésie française. Un hydravion se pose chaque semaine dans le lagon avec le courrier.
Le centre commercial et le port sont très actifs, l’ambiance y est plutôt joyeuse et bon enfant. On voit encore peu de voitures, mais la circulation est déjà dense. Le scooter fait une entrée triomphale. La bicyclette reste la petite reine des classes populaires. L’artisanat est en plein essor. Il y a trois cinémas et une douzaine de dancings dont le célèbre Quinn’s Tahitian Hut. En 1957, les Etablissements français de l’Océanie deviennent un territoire d’outre-mer baptisé Polynésie française.
L’ère du CEP
Cette quiétude est brutalement interrompue en 1963 par le débarquement de cinq mille militaires et techniciens français, chargés d’installer et de mettre en œuvre le Centre d’Expérimentation du Pacifique (CEP). L’aéroport de Tahiti – Faa’a, inauguré deux ans plus tôt, reçoit ses premiers vols en provenance de France via Los Angeles. Des chantiers pharaoniques, comme l’extension du port, exigent une main d’œuvre abondante.
Paumotu, Raromatai, Marquisiens, Mangaréviens et Tuhaa pae affluent des archipels pour profiter de la manne providentielle qui s’abat sur le pays. Mais la réalité est moins souriante. Les familles campent comme elles peuvent dans des logements de fortune, des cabanes en tôle et en pinex, créant des bidonvilles dans les vallées et sur les collines.
En quelques années, la population de Papeete s’accroît de près de quinze mille habitants, aggravant les difficultés déjà insurmontables de la municipalité. Et cela d’autant plus que la capitale accueille chaque jour des milliers de travailleurs, scolaires et chalands domiciliés dans les districts voisins. Un premier plan d’urbanisme est mis en œuvre à partir de 1965. L’hôpital de Mamao entre en service en avril 1970.
Priorité communale
À partir du milieu des années 1970, la lutte contre l’habitat insalubre devient la priorité de la commune. Des quartiers entiers sont transformés, des logements sociaux plus modernes sont construits à Mamao, Tipaerui, Titioro, Taunoa, La Mission… Un nouveau marché municipal à étage voit le jour. C’est à cette époque que, sous l’impulsion du gouverneur Jean Sicurani, sortent de terre des édifices d’un style nouveau, dit néo-polynésien : assemblée territoriale, haut-commissariat, maison de la culture, office du tourisme…
En octobre 1987, à la suite d’une grève des dockers particulièrement tendue, des émeutes éclatent laissant le centre-ville en cendres. Le 16 mai 1990, le président de la République François Mitterrand, en visite officielle à Tahiti à l’occasion du centenaire de la commune de Papeete, inaugure le nouvel hôtel de ville à l’architecture inspirée par l’ancien palais royal des Pomare. En septembre 1995, Papeete est à nouveau victime d’émeutes provoquées par une reprise des essais nucléaires aux Tuamotu à l’issue d’un moratoire de trois ans. Le centre-ville est encore saccagé et incendié. Le dernier tir nucléaire français dans le Pacifique, baptisé Xoutos, a lieu à Fangataufa le 27 janvier 1996.
Équiper les quartiers et aménager le front de mer
Depuis 1995, sous l’impulsion de son maire, Michel Buillard, Papeete n’a pas cessé de se moderniser et de s’adapter à sa nouvelle vocation de capitale régionale touristique. Très sensible à la protection de son environnement, la commune dispose désormais d’un système d’assainissement collectif de dernière génération, permettant l’essor d’activités économiques, sociales ou culturelles à haute exigence écologique.
Le front de mer a été aménagé, avec la création d’espaces verts, de promenades et de lieux de détente. Les quartiers sont tous équipés en infrastructures collectives de proximité. Le port abrite chaque année des dizaines de navires de croisière, de yachts de plaisance et de cargos de marchandises. La crise sanitaire de 2020 a temporairement tari l’afflux des touristes, mais Papeete reste une ville d’accueil, tournée vers l’avenir et en même temps soucieuse de préserver son histoire et le patrimoine qui s’y attache.
Les maires de Papeete Depuis la création de la commune de Papeete, le 20 mai 1890, douze maires se sont succédé à sa tête, dont une seule femme, pour des durées variables comprises entre quelques mois et vingt-sept ans :• François Cardella (1890 – 1902 et 1903 – 1917) • Hégésippe Langomazino (1902 – 1903) • Lucien Sigogne (1917 – 1920) • Hippolyte Malardé (1920 – 1922) • Fernand Cassiau (1922 – 1933) • Georges Bambridge (1933 – 1941) • Léonce Brault (1941 – 1942) • Alfred Poroi (1942 – 1966) • Georges-Tetua Pambrun (1966 – 1977) • Jean Juventin (1977 – 1993) • Louise Carlson (1993 – 1995) • Michel Buillard (depuis 1995) |