Tama Nui, située rue Madeleine-Moua dans le quartier de Paofai à Papeete, est la plus ancienne école maternelle de Polynésie française. À l’initiative du maire, Michel Buillard, elle vient d’être entièrement reconstruite pour faire place à un bâtiment conçu pour le 21e siècle, écologique et mieux adapté à l’enseignement.
Une opération majeure pour la commune de Papeete, d’un coût de plus de 700 millions de francs, financé à 95 % par le Fonds intercommunal de péréquation (FIP), et qui aura duré trois ans sans que l’école ne soit fermée. Un exploit. La première pierre avait été posée le 16 novembre 2020.
Tavana Michel Buillard avait l’honneur de procéder à son inauguration officielle le vendredi 8 décembre 2023, entouré des membres du conseil municipal de Papeete et de la directrice de l’école Maeva Colombani-Taurua.
Écologiques et fonctionnels, les nouveaux locaux répondent aux normes thermiques, acoustiques et de développement durable tout en limitant les coûts de fonctionnement et d’entretien. La circulation autour de l’école a été modifiée afin de faciliter les accès, la dépose et le ramassage des élèves et d’améliorer la sécurité. Une cinquantaine de places de parking ont également été aménagées sur la toiture.
Des débuts difficiles
Aucune école maternelle n’existait encore en Polynésie française, quand le chef du service de l’éducation de l’époque, Jacques-Denis Drollet, créa en 1965 le Centre de l’enfance de Paofai, installé dans une ancienne caserne militaire rétrocédée au territoire. La direction en fut confiée à Lucie Lussiez, qui l’animera pendant neuf ans avec compétence et dynamisme.
Bientôt rebaptisé “École maternelle de Paofai”, le nouvel établissement peine d’abord à attirer les enfants. L’idée de départ était de scolariser ceux de la vallée de Tipaerui, peu francophones, pour les aider à se familiariser avec la langue française et leur permettre d’apprendre à lire plus facilement. Mais, dans les années 1960, les petits Tahitiens sont encore élevés à la maison, ils partagent leurs journées entre cousins et voisins, heureux de jouer dans la cour ou le jardin. Les parents ne voient guère l’intérêt de les amener à l’école et de venir les chercher à heure fixe chaque jour. Pourquoi changer les habitudes ? Les familles demies ou popa’a sont en fait les premières à inscrire leurs enfants dans la nouvelle école.
Reconnaissance et succès
Il fallut beaucoup de motivation, de visites et de persuasion à l’équipe pédagogique pour voir les classes s’animer progressivement, avec de très jeunes élèves heureux d’y trouver des ateliers, des jeux et des amis. L’École maternelle de Paofai trouve enfin sa place, elle commence à être reconnue. Les enfants sont de plus en plus nombreux, au point que les classes sont désormais surchargées et difficiles à gérer avec des effectifs dépassant parfois les quarante élèves.
L’École maternelle de Paofai restera la seule du territoire pendant six ans. Puis, progressivement, d’autres communes décident d’ouvrir leurs propres écoles maternelles. Celle de Paofai devient alors une école d’application où l’École normale, qui formait les futurs instituteurs et institutrices, envoie ses élèves en stage. Nommée par la suite Tama Nui, elle devient la pépinière des futurs cadres de l’école maternelle polynésienne : maîtresses d’application, directrices, conseillères pédagogiques et même plus tard d’une inspectrice.
Maeva Colombani-Taurua est directrice de Tama Nui depuis la rentrée 2019. L’école comprend neuf classes, de la section des tout-petits (STP) à la section des grands (SG), soit un effectif de plus de 230 élèves.
